vendredi 6 juillet 2012

L'adversaire, Emmanuel Carrère

L'AdversaireDeux faits divers m'ont beaucoup marqué : l'affaire Grégory, je ne sais pas pourquoi mais c'est le premier fait divers dont je me souviens pourtant je n'avais pas 4 ans mais dans ma famille on m'a toujours dit que j'en ai beaucoup parlé et c'est une histoire pour laquelle j'ai encore de l'intérêt, peut être parce qu'on aurait le même âge... Le deuxième est l'affaire Romand au delà de cette histoire proprement hallucinante, cela s'est passé dans le village à côté du mien et j'avais 14 ans au moment des faits, enfin je suis passé devant cette maison pratiquement tout les jours  pendant plusieurs années pour me rendre au lycée...

Je connais donc bien l'histoire de cet homme qui a massacré toute sa famille (sa femme, ses enfants, ses parents) et a tenté de se suicider lorsque ses terribles mensonges allaient être découvert par les siens. En effet, Jean Claude Romand a vécu pendant 18 ans dans le mensonge, il a prétendu avoir réussi sa deuxième année de médecine, puis son internat et enfin travailler pour l'OMS. Alors qu'en réalité il passait ces journée dans les bars, sur les airs d'autoroutes, dans les bibliothèque... Cet homme respecté de tous, décrit comme effacé, gentil, intelligent, parfaitement intégré dans son milieu social a réussi à leurrer tous les gens qui l'ont côtoyé et à leur prendre toute leur économie...


Comment cet homme a t il pu mentir si longtemps à toutes ces personnes? Comment a t il pu faire illusion ? 


Emmanuel Carrère essaie dans ce roman d'aller au delà du fait divers et de comprendre cet homme, sa psychologie, ce qui l'a conduit à commettre de telle atrocité, en entrant en contact avec lui par un échange de lettre, en interrogeant ses amis, en allant sur les lieux du drame et dans tout les endroits où Romand passait ses journées. Il retrace son enfance, son adolescence solitaire et angoissée dans le jura, sa jeunesse à lyon, sa rencontre avec sa femme, sa vie dans le pays de Gex jusqu'au drame et même après alors qu'il assiste au procès.


Je n'ai pas appris grand chose sur cette affaire que je connaissais déjà très bien mais j'ai aimé le regard de l'auteur, son analyse de la psychologie de cet homme narcisique qui même en prison ne pense qu'à sa propre rédemption et dont l'évocation des ses proches ne serrent qu'à servir ses propres desseins. Emmanuel Carrère par son écriture son style m'a fait dévorer cette histoire si peu banale. Il rend son humanité à ce monstre et cela nous conduit à nous interroger sur l'autre, nos propres mensonges, à nous méfier de ceux qui nous sont le plus proches... C'est vraiment une réussite que ce roman.

"La vérité vous rendra libres", a dit le Christ. Et lui: "Je n'ai jamais été aussi libre, jamais la vie n'a été aussi belle. Je suis un assassin, j'ai l'image la plus basse qui puisse exister dans la société, mais c'est plus facile à supporter que les vingt ans de mensonge d'avant."


"J'ai pensé qu'écrire cette histoire ne pouvait être qu'un crime ou une prière"

4 commentaires:

  1. j'ai aimé aussi ce roman, lu il y a longtemps, mais je me souviens bien que la fin m'a choquée, car Carrère semble "racheter" Romand car il a trouvé Dieu en prison...

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    1. Je n'ai pas eu ce sentiment qu'il "rachetait" Romand, mais il est vrai que je trouve parfois Carrère trop compréhensif envers lui notamment à la fin du livre quand il parle de sa découverte de Dieu qui en aucun cas ne peut excuser ce qu'il a fait.

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  2. Un livre qui ne me tente pas du tout... même si c'est certainement très bien écrit et documenté.

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    1. L'histoire est particulière et la connaissant très bien j'avais envi de connaitre le regard que pouvait porter Carrère sur ce fait divers. Mais je peux comprendre qu'on ne soit pas attirer par ce livre.

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